Remise sur le tapis du débat sur les armes à feu (surtout au Canada et en Europe). Rage et indignation des charlton-hestoniens (qu'ils crèvent de saturnisme subit) : « si les élèves avaient été autorisés à avoir des armes à feu en classe, ils auraient pu répondre ». Rage et indignation des ennemis du Second Amendement (mauvais citoyens) : « c'est tout de même moins facile de tuer trente-et-une personnes aussi rapidement et sans se faire arrêter avec une fronde ou un opinel qu'avec une mitrailleuse automatique ».

Parallèlement, enquête. Que faisait la police, pourquoi croyait-on que la fusillade était cantonnée à un dortoir quand elle s'est déplacée vers une salle de classe, quel était le tueur, avait-il des gènes le prédisposant à la violence, comment n'a-t-il pas été repéré plus tôt, étiquetté au lycée, mis à part à l'école primaire, emprisonné à la naissance, éliminé à l'état de morula, pourquoi ses parents n'ont-ils pas été stérilisés (flirtons ensemble avec le point Godwin veux-tu) ?

Remise sur le tapis du débat sur la violence. Les plus socialistes crieront au manque de moyens, d'éducation, au racisme ordinaire auquel ce jeune connard tueur d'origine asiatique était soumis, à l'incapacité du système à détecter sa détresse, à la corruption capitaliste. Les plus conservateurs accuseront les jeux vidéos, Satan, Hollywood, les communistes et le préservatif.

Pendant ce temps, étalage dans les journaux, à la radio, à la télévision et sur Internet de photos et de biographies du tueur. Moment de gloire pour un faible qui n'a trouvé que ce moyen de se faire entendre ? Tartines dégoulinantes d'atrocités vendeuses ? Les intellectuels débattront tandis que la majorité se vautrera dans les détails sordides.

Columbine[1], Dawson et consorts referont surface. Enfin, Virginia Tech s'ajoutera à la liste sanglante, et la vie reprendra son cours.

Monde de merde.

Notes

[1] que le Figaro s'obstine à appeler Colombine, ce qui est très énervant, il ne s'agit pas de Pierrot nom d'une bourriche d'huîtres pas fraîches