Eh ben le monsieur, il s'est planté.

C'est à dire qu'il a fait beaucoup de promesses, abordé beaucoup de sujets, probablement pour enrober son désir d'envoyer plus de soldats en Irak alors que même les Républicains trouvent que cette affaire a sacrément duré, mais sans grande conviction. Il a piqué quelques idées sociales ou écologiques à droite et à gauche (notamment à Arnold Schwarzenegger) et n'a persuadé personne du fait que quoi que ce soit allait changer afin de les mettre en application.

De façon générale, personne n'y croit. La plupart des gens y vont de commentaires du genre « If you have to mouth off, look down from time to time to check that you still have a leg to stand on » (si vous devez vous la ramener, regardez un peu vers le bas de temps en temps histoire de vérifier que vous êtes toujours debout). Petite revue de presse...

It is always tempting to take the State of the Union address seriously.(...) This year, however, the speech felt even more compulsory than usual.(...) It's difficult to know how many of his ideas will amount to anything. On a few fronts, however, they're either interesting or relevant (though not often both).

L.A. Times - 24 janvier 07

Il est toujours tentant de prendre le discours du State of the Union sérieusement. (...) Cette année, cependant, le discours a semblé encore plus obligatoire qu'à l'accoutumée.(...) Il est difficile de savoir combien de ses idées vont déboucher sur quoi que ce soit. Sur quelques points, cependant, elles sont soit intéressantes, soit pertinentes (quoique rarement les deux à la fois).

Même les beaux discours sur la cohabitation (ou plutôt « bipartisanship », une politique bipartisane) ne sont pas pris au sérieux.

But we’ve heard that from Mr. Bush before. In early 2001, he promised to bring Americans together and instead embarked on his irresponsible tax cuts, a divisive right-wing social agenda and a neo-conservative foreign policy that tore up international treaties and alienated even America’s closest allies. In the wake of 9/11, Mr. Bush had a second chance to rally the nation — and the world — only to squander it on a pointless, catastrophic war in Iraq. Mr. Bush promised bipartisanship after his re-election in 2004, and again after Hurricane Katrina. Always, he failed to deliver. He did not even mention New Orleans last night.

N.Y. Times - 24 janvier 07

Mais nous avons déjà entendu ça de M. Bush auparavant. Début 2001, il a promis de rassembler les Américains et c'est au lieu de cela embarqué dans ses réductions d'impôts irresponsables, un agenda social de droite controversé et une politique internationale néo-conservative qui a réduit en miettes les traités internationaux et aliéné jusqu'aux plus proches alliés de l'Amérique. Au lendemain du onze septembre, M Bush avait une deuxième opportunité de rassembler la nation - et le monde - et l'a engloutie dans une guerre inutile et catastrophique en Irak. M. Bush a promis une politique bipartisane après sa réélection en 2004, et encore une fois après l'ouragan Katrina. Il a toujours failli à la mettre en place. Il n'a pas même mentionné la Nouvelle Orléans hier soir.

This sad situation is largely of Bush's own making. He is reaping the poisonous state of affairs that he helped sow for six years. So many of the president's policies have been dishonest and wrongheaded, so much of his politics has been slashingly partisan, Democrats would be crazy if their instinctive reaction to a Bush plan for fill-in-the-blank wasn't intense distrust.

Washington Post - 24 janvier 07

Cette triste situation est majoritairement le propre fait de Bush. Il recueille les fruits empoisonnés qu'il a aidé à ensemencer pendant six ans. Les lignes d'action du président ont été si majoritairement malhonnêtes et obstinées dans la mauvaise direction, sa politique a été tellement violemment partisane, que les Démocrates seraient fous si leur réaction instinctive à une proposition de Bush pour quoi que ce soit n'était pas une intense défiance.

A propos de l'énergie, M. Bush a vaguement évoqué l'effet de serre et le réchauffement climatique (qu'il n'a même pas nommé de son vrai nom, « global warming », mais a appelé « global climate change » - changement général de climat). Il s'est surtout intéressé aux combustibles de remplacement pour les voitures (qui ne représentent, hélas, qu'un faible pourcentage des émissions de gas à effet de serre des Etats-Unis, mais soit), dans une optique plus orientée vers l'indépendance énergétique (plus besoin d'acheter du pétrole aux méchants terroristes qui ne font qu'en augmenter indécemment le prix) que vers l'écologie. Et là encore, on ne le croit pas.

Once again, we have heard this president make big promises about energy independence. Once again, we fear that very little will change. It would be nice, for once, to be surprised

N.Y. Times - 25 janvier 07

Encore une fois, nous avons entendu ce président faire de grandes promesses au sujet de l'indépendance énergétique. Encore une fois, nous craignons qu'il n'y ait que très peu de changement. Il serait agréable, pour une fois, d'être surpris.

Et puis l'Irak, évidemment, un sujet sur lequel il serait vraiment difficile de lui faire confiance...

The president has had two opportunities in recent weeks to fully explain how he plans to force the Iraqis to seize control of their own destiny. He hasn't done it. Until he does, he can expect more skepticism from Congress-and from many Americans.

Chicago Tribune - 25 janvier 07

Le président a eu deux opportunités récemment d'expliquer précisémment comment il compte forcer les Irakiens à prendre le contrôle de leur propre destinée. Il ne l'a pas fait. Tant que cela ser le cas, il ne peut qu'attendre plus de scepticisme de la part du Congrès - et de nombreux Américains.

Et beaucoup d'autres sur, entre autres, la santé et l'immigration.

Comme quoi, faire un discours forcé qu'on n'a pas envie de prononcer, c'est généralement pas formid' formid', même quand on se croit le Grand Chef de la planète.