Si tu veux regarder un tournoi de golf sans t'ennuyer ferme, sache qu'il faut te munir d'un minimum de savoir préalable. C'est comme au poker, tant que tu n'as pas compris le système de paris / surenchères et que le straight vaut moins qu'un flush, autant amener ton bouquin plutôt que de suivre la partie.

Bon alors d'abord, le Masters, ça se passe en quatre jours. A chaque jour suffit sa peine fois, les golfeurs font une série de dix-huit trous, et un score total en est déduit.

Ensuite, les points. Contrairement à ce que pourrait croire le spectateur mal informé, moins tu as de points, mieux c'est. En effet, le grand principe fondateur du comptage de points au golf (et le truc sans la connaissance duquel j'ai vécu plus de vingt-deux ans, tant bien que mal, mais il est vrai que si on m'avait fait regarder quatre jours de Masters sans introduction, je ne m'en serais probablement pas aussi bien tirée), le grand principe, donc, c'est qu'à chaque trou est attribué un nombre de coups (moi je vois ça comme une espérance mais vous êtes pas obligés d'être probabilistico-statisticiens avec moi). Pour une raison encore obscure, ce nombre de coups escomptés s'appelle le « par ». Le trou est supposé se faire en deux « putts » (quand tu pousses la balle vers le trou avec ton club) et le reste en « strikes » (quand tu fais voltiger la balle loin là-bas dans le soleil couchant, qu'elle n'est qu'un petit point blanc à l'horizon alors que tu es dans ta posture la plus majestueuse, club levé, dos tendu...).

Donc, si tu fais moins de coups que le par, c'est bien, si tu en fais plus, c'est mal, tu es une tache, que fais-tu sur ce tournoi enfin ?

Ensuite c'est plein de termes techniques : par - 2, qui ne veut pas dire qu'il fait froid, est appelé « eagle » (« aigle », parce que tu es kro kro fort), par - 1, « birdie » (« petit oiseau » parce que bon, c'est bien mon poussin, mais t'es pas encore un aigle, hein), par + 1 se dit « bogey » (je n'ai pas bien compris le rapport avec Humphrey Bogart mais ça a l'air un peu insultant pour lui, genre, t'es pas un faucon maltais mon garçon), par + 2, « double bogey », et après, c'est plus la peine, on compte plus.

Y a aussi un système très pointu de notation des scores, avec un rond pour les oiseaux et un carré pour les bogeys, ou l'inverse, me rappelle plus.

Donc, tout ça pour dire que Tiger Woods, le mec qui fait voltiger la balle très très loin à genre quatre-cent mètres dans le soleil couchant, ben il s'est planté comme une patate et il s'est fait dammer le pion[1] par un inconnu du nom de Zach Johnson (tu vas me dire que je ne connaissais personne d'autre que Tiger Woods de toute façon, et tu auras raison). Faut dire que bon il a envoyé sa baballe dans le sable à environ le dernier moment où il pouvait remonter donc forcément, il l'a cherché aussi.

Je tiens tout de même à signaler que l'acronyme « Gentlemen Only Women Lady Forbidden » dont un de mes profs d'anglais se pourlaîchait me semble d'un goût particulièrement douteux.

Bon, le blondinet est supposé m'apprendre la différence entre les différents clubs (« drives » et autres « putters ») mais je sais pas si je vous raconterai.

Notes

[1] expression absolument formidabulesque mais un peu difficile à placer