Chronique d'une thèse annoncée (ou pas)
in A Day At School :: #72 :: rss
Vous savez pas la dernière ? Il parait que j'ai un blog. Oui, oui, un de ces machins sur Internet où je raconte ma vie. Entre autres conneries. Le seul problème, c'est que je n'ai absolument pas le temps d'écrire, parce que non seulement en cette ambiance pré-estivale tout le monde veut sortir tout le temps, mais en plus quelqu'un qui vient juste de soutenir sa thèse a découvert un bug dans un de ses scripts de base ce qui fait que je dois tout recommencer un mois de calculs, sans parler du fait que je me farcis (avec plaisir, si, si) de pondre des questions pour un jeu (enfin je crois) à une fête d'anniversaire à laquelle je n'irai même pas (une bête question de logistique, kilomètres, billets d'avion et autres décalages horaires) et que je pars à New York dans dix jours, yee-ha. Ce qui est dommage, parce que j'ai plein de brouillons de billets (dont certains uniquement dans ma tête mais je vous demande si votre grand-mère Hortense fait du vélo à cheval sur un phono ?), sur des sujets cinématographiques, littéraires, galerie-d'artistiques, et transport-en-communtesques.
Tout ça me paraît une excellente raison pour vous raconter une histoire de thèse en sursis.
C'est l'histoire d'un blondinet (appelons-le, hmm, le Blondinet) jeune, enthousiaste et fougueux comme le poulain galopant au bord de l'océan (au moins). Un blondinet qui, avide de connaissances, plein d'idéaux (ridicules et naïfs, la preuve, je les partage) sur la Recherche avec un grand R[1] qui va rendre l'Humanité meilleure, la Terre plus vivable, guérir le cancer (ah non ça c'est juste moi qui veux guérir des maladies), transmuter le plomb en or, éradiquer la bêtise, résoudre la quadrature du cercle et la conjecture de Syracuse, sans parler du désir de se faire appeler Docteur et de lancer ça à la face des recruteurs, décide de faire un doctorat.
Accepté dans une université que nous appellerons, hmm, Université Jolie, pour un combo géant master+thèse, le Blondinet ne se sent plus de joie, il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie commence par s'attaquer au master. Après quatre trimestres de cours, projets, examens divers et variés, il a réussi la première étape sur la (longue) route de l'obtention du mini-Graal, à savoir, c'est bien vous suivez, le master : suivre tous les cours obligatoires et valider les examens correspondants pour l'option (barbare, mais qu'attendre d'autre de quelqu'un qui veut faire mumuse avec des prédiffusés programmables - ou FPGA - toute la journée ?) qu'il a choisi. La deuxième étape devrait se faire sans trop de problèmes : il s'agit juste de passer quatre examens oraux complémentaires de quinze minutes chacun, portant sur les cours de son choix parmi ceux suivis. L'examen est proposé chaque trimestre. Officiellement.
En effet, pas d'examen à la fin de l'automne. Le Blondinet se met donc à préparer le Saint-Graal (oui la thèse évidemment), travaillant pour cela en labo sur deux projets. Le premier projet est un travail en collaboration avec pleins de gens dont quelques uns d'une université lointaine, le deuxième est la suite d'une thèse qui vient d'être soutenue. Il s'avère assez vite que les gens d'Université Lointaine sont une bande de glandus qui préfèrent dépenser leurs sous pour des gadgets que pour payer correctement les doctorants ou acquérir du matériel indispensable. Par ailleurs, pour poursuivre le projet numéro deux, il faut en fait tout reconstruire différemment depuis le départ, et travailler avec un monsieur d'une compagnie informatique que nous appellerons, hmm, la Grande Bleue, pour arriver à utiliser les subtiles fonctionnalités du logiciel de simulation indispensable.
Pas d'examen non plus à la fin de l'hiver. Pas assez de candidats pour déranger quatre profs pendant vingt minutes pour chacun d'entre eux. Ah. Le Blondinet continue à produire des résultats dont tout le monde se fiche pour l'Université Lointaine et à en relancer les gens pour qu'ils lui donnent les informations indispensables à la poursuite de son boulot, tout en se rendant hebdomadairement à des réunions de projets annulées deux fois sur trois en moyenne. Parallèlement, il tombe sur un os dans l'autre projet et essaie pendant plusieurs semaines de passer outre avec l'aide du fort serviable mais tout aussi perdu monsieur de la Grande Bleue.
Joie, bonne humeur, sonnez hautbois résonnez noisettes.
Une vague promesse que l'examen se tiendrait peut-être en semaine 8 du trimestre apparaît de moins en moins crédible au fur et à mesure qu'avancent les semaines et qu'aucune annonce n'est faite.
Quand soudain, oh, mais qu'est ce message reçu au beau milieu de la semaine 7 ? L'examen est proposé ! Les étudiants se doivent de prendre rendez-vous avec les professeurs concernés pour fixer des dates pour leurs oraux en semaine 8 ! Que de temps pour se préparer, pensez-vous, deux jours et un week-end entier !
Une telle logistique ayant ses limites, les examens sont reportés à la semaine 9. Juste avant un week-end de trois jours, le Blondinet apprend qu'il aura un oral juste après ledit week-end et que deux des oraux seront transformés en écrits. Il apprend ensuite les détails la veille pour chaque examen. Jeudi matin, dernier oral. Pendant une heure (au lieu de quinze minutes), le professeur s'acharne à le questionner sur des sujets qui n'ont pas été couverts dans le cours, pour finalement lui donner une semaine pour repasser l'examen et le réussir, cette fois. Chose qui fut faite, après quelques jours et le haha de l'interrogateur qui a fini par réaliser qu'il utilisait le mauvais ouvrage et donc posait des questions à côté de la plaque.
Par ailleurs, le directeur de thèse du Blondinet n'a pas d'argent pour l'embaucher en septembre - il devra donc enseigner pour survivre ; le monsieur de la Grande Bleue a jeté l'éponge, et les gens d'Université Lointaine se reposent sur leurs lauriers après la soumission à une conférence d'une qualité douteuse d'un papier (d'une qualité douteuse) majoritairement écrit par le Blondinet.
Autant vous dire que le Blondinet, qui n'a aucune affinité particulière avec une carrière universitaire et n'est pas plus porté sur l'enseignement que moi sur l'électronique, il pète un peu les plombs.
Voire beaucoup.
Que la Recherche, elle commence à lui courir sur le haricot ; que s'emmerder pendant plusieurs années encore avec une administration aussi efficace que celle d'Université Jolie, sans salaire et sur des projets à moitié morts, juste pour un diplôme qui n'est pas indispensable aux boulots de R&D qui l'intéressent, ça lui paraît être plutôt très, très sentant mauvais des chaussettes, comme deal ; et que finalement, le D de R&D, au moins, ça se passe mieux que la R.
Heureusement, il y a les leave of absence[2], qui sont en gros des trimestres sabbatiques. Et on peut en prendre trois au cours de son cursus doctoral. Trois mis bout-à-bout, plus un été ou deux, ça fait un an ou un peu plus. Le temps de vraiment travailler en entreprise et de décider ensuite si, vraiment, il veut être docteur. Et si oui ou non il vient de perdre six mois de son temps.
Krazy Kitty - vendredi 8 juin 2007 à 12:02
Réactions enflammées
1. Le samedi 9 juin 2007 à 03:12, Aurélia a ajouté :
2. Le samedi 9 juin 2007 à 11:40, Krazy Kitty a ajouté :
3. Le mercredi 13 juin 2007 à 02:32, Ménille Avénale a ajouté :
4. Le mercredi 13 juin 2007 à 09:27, Krazy Kitty a ajouté :
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